Des tas de questions, quelques réponses et un peu de mystère.



Ejaculation prématurée (précoce)

« Il était une fois un jeune homme, plutôt pacifique, à qui sa maman avait recommandé d’être gentil avec tout le monde, et en particulier avec les femmes, vu que elle, sa maman adorait être câlinée par des hommes du genre doux.
Ce que cette maman n’avait pas dit à son jeune garçon, c’est qu’elle préférait les câlins platoniques (comme ceux qu’elle pouvait échanger avec son fils, çà tombait bien) plutôt que des coïts qu’elle jugeait brutaux, et pas satisfaisants, d’autant que c’était l’homme qui y trouvait son compte plutôt qu’elle.
Notre jeune homme se vit un jour, vers l’âge de dix huit ans, gratifié d’un fusil de chasse. C’est à toi, tu es un homme maintenant, lui assura-t-on. Il convint qu’il lui fallait en faire la preuve en se servant de son arme. Mais, hélas, il n’en avait aucune envie !
Sa mère lui avait bien dit que le dialogue, l’attention, la gentillesse étaient des valeurs bien plus importantes que la violence, la sexualité bestiale, la concupiscence…. (d’ailleurs aurait-on inventé un tel mot si la chose n’était pas répugnante ?)
Aujourd’hui, il doit partir à la chasse et montrer qu’il n’a pas peur de faire mal, qu’il fait bien partie du camp viril.
Impossible de rendre l’arme à moins de rendre l’âme : il a envie de vivre, et n’est nullement suicidaire.
Alors, voilà qu’il lui vient une idée géniale, qu’il décide d’appliquer aussitôt : A peine a-t-il fait quelques pas dans la forêt, qu’il vise en l’air, ou vers une endroit anodin où la balle ira se perdre, et… PAAAF ! il appuie sur la gâchette.
Vite, vite pour se débarrasser de l’encombrante responsabilité. Il repart soulagé : il porte encore son fusil, mais vide, et donc plus du tout menaçant, ni pour lui ni pour quiconque.
Quand il reviendra, il lui faudra avouer qu’il est bredouille : mais ce n’est pas compliqué, d’autres chasseurs reviennent aussi bredouilles.
Lui, il n’a pas eu besoin d’avouer qu’il ne voulait pas de ce fusil, que cette humeur guerrière n’était pas la sienne. Il a fait bonne figure, et même si le prix à payer (être un mauvais chasseur) est inconfortable, il sait au moins, qu’il pourra encore bien longtemps rester l’enfant chéri d’une mère fragile. » 

Cette histoire édifiante sert à mettre en évidence ce qui peut se passer dans l’INCONSCIENT d’un éjaculateur prématuré (on dit encore parfois précoce, par habitude, mais c’est tellement inexact de désigner l’intempestivité de l’éjaculation, par un terme, précocité, qui laisserait à penser que le jeune garçon éjaculerait à cinq ans par exemple : précoce pour le coup, il le serait, mais ce n’est pas de cela dont il s’agit).
Dans le conscient, on peut trouver un grand désir, une majestueuse excitation, une très acceptable affirmation de soi comme homme social : mais les mères castratrices et culpabilisantes savent venir se nicher pour longtemps (pas pour toujours, gardons l’espoir) dans les replis archaïques des séquelles inconscientes de l’enfance.

Alors tordons le coup une bonne fois aux idées reçues :
– Non, un éjaculateur rapide n’est pas « trop » excité : cela n’a rien à voir avec l’excitation.
– Non, un éjaculateur rapide ne doit pas apprendre à se contrôler : c’est tout le contraire. Il éjacule trop vite car il se sur-contrôle déjà tellement qu’il ne peut se laisser aller au lâcher-prise.
Un éjaculateur rapide doit savoir que son inconscient SABOTE le rapport sexuel à son insu.
Qu’il a besoin de récupérer la permission d’être pleinement homme en face d’une femme.
Que cette femme n’est pas sa mère, et qu’il n’est plus un petit garçon qui doit se faire accepter pour avoir le droit d’exister.
Qu’il peut exprimer sa colère sans risquer le rejet, et qu’il ne fait pas de mal aux femmes, ni avec son sexe ni avec son désir.

Alors, habitant autant son sexe (masculin) que son désir (viril) et sa génération (à parité avec sa femme, laissant sa mère à la génération précédente – donc non concernée par sa sexualité) il pourra tranquillement accueillir l’éjaculation qui viendra en son temps.
On croyait que le bon déroulement de la sexualité était une question de performance, de désir ou de savoir-faire, on s’aperçoit que c’est juste une question de temps. Le juste, et le bon.

Docteur Chritophe Marx – Updated: January 22, 2003